Depuis quelques années, on voit fleurir des polices de caractères dites « adaptées dyslexie ». Elles sont souvent utilisées dans les livres adaptés ou les ressources pédagogiques destinées aux enfants dyslexiques.
Ces polices ont des caractéristiques communes :
- des lettres bien différenciées (notamment les « b », « d », « p » et « q »),
- des lignes plus épaisses à la base des lettres pour « ancrer » le regard,
- un espacement plus grand entre les lettres et les mots,
- une forme légèrement inclinée ou asymétrique pour limiter les inversions.
Alors, pourquoi ces polices ne suffisent-elles pas à régler les difficultés de lecture ?
La dyslexie, ce n’est pas une question de graphisme
La dyslexie est un trouble durable et spécifique de l’apprentissage du langage écrit. Elle touche essentiellement la capacité à identifier les mots écrits, à les décoder rapidement et à les mémoriser. Elle est liée à des particularités du traitement phonologique, c’est-à-dire la manière dont l’enfant entend, analyse et manipule les sons du langage.
En d’autres termes : ce n’est pas la forme des lettres qui pose un problème, c’est le lien entre ce qu’on voit et ce qu’on entend, entre les lettres et les sons.
Ce que les polices adaptées peuvent (et ne peuvent pas) faire
Les polices « dys » peuvent :
- rendre le texte plus lisible et confortable à lire ;
- éviter certaines confusions visuelles ;
- réduire la fatigue liée à l’effort de lecture.
Mais elles ne résolvent pas :
- les troubles phonologiques ;
- les problèmes de mémoire de travail ;
- les automatismes de lecture déficients.
Un enfant qui ne parvient pas à associer les lettres aux sons, ou qui ne parvient pas à reconnaître un mot qu’il a déjà lu 10 fois, ne sera pas transformé par une police, aussi bien conçue soit-elle.
Une approche globale est indispensable
Aider un enfant dyslexique demande une prise en charge globale et cohérente, qui inclut :
- des supports visuellement clairs et structurés (dont la police fait partie, mais aussi la mise en page, les couleurs, les pictos…) ;
- un travail ciblé sur la conscience phonologique, la mémoire, la fluidité ;
- un soutien pédagogique individualisé ;
- des outils de compensation si nécessaire (livres adaptés, livres audio, synthèse vocale…) ;
- et, bien sûr, un environnement bienveillant qui valorise les réussites plutôt que les erreurs.
En conclusion
La police de caractère peut améliorer l’expérience de lecture, mais elle ne remplace jamais un accompagnement adapté. Elle est un outil utile, mais non suffisant.
👉 Pour accompagner un enfant dyslexique, il faut penser en termes d’accessibilité globale et intelligente, en s’appuyant sur les sciences cognitives, la pédagogie différenciée et une vraie compréhension des troubles d’apprentissage.